Le groove de la Heuer Monza primé au GPHG catégorie Revival
La nouvelle Heuer Monza de TAG Heuer réanime avec style une ancienne gloire. La troisième version de l’une des rarissimes montres de compétition avec un boîtier de forme coussin vient de recevoir un prix prestigieux.
C’est en présence de son concepteur Jack Heuer, touchant dans son allocution pétrie de grandeur historique, que cette icône ressuscitée a reçu le prix Revival du Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2016.
Beaucoup de collections depuis 15 ans se sont nourries de rééditions de modèles anciens au sein des marques horlogères. Quand l’opération est menée avec justesse, la nouvelle venue se transforme en un must qui s’affranchit alors de ses origines pour s’imposer par lui-même. Un exercice très délicat. Dans le domaine, TAG Heuer n’en est pas à son coup d’essai, elle qui a relancé avec succès la Monaco il y a 13 ans, un chronographe de forme carrée, aussi puissant que particulier,esthétiquement parlant. La réédition de l’Heuer Monza - déjà réaperçue en 2000, et relancée à Baselworld - connaît le même heureux destin. Mieux: elle impose sa marque en multipliant les références intelligentes à l’original, tout en dégageant, et c’est bien l’essentiel, un punch actuel plus que bienvenu. Tour de piste.
TAG Heuer Heuer Monza Calibre 17
Acte rebelle
L’Heuer Monza est esquissée en 1976 sous le crayon de Jack Heuer. Le descendant du fondateur de la marque s’était fendu d’une nouvelle montre pour féliciter le pilote automobile autrichien Niki Lauda pour son premier titre de champion du monde. Le parti pris est fort avec un chronographe pris dans un boîtier de forme coussin (quoique tirant vers le tonneau pour cette première version) avec un cadran rond pris dans une boîte d’inspiration carrée. À la fois exquise et intrigante, cette forme est aujourd’hui d’abord l’apanage de modèles classiques, sobres, précieux. Le fait de réhabiliter cette ancienne sportive aux formes inhabituelles dans son genre passe donc comme un acte subtilement rebelle. L’Heuer Monza a donc le privilège de progresser pour ainsi dire seule dans ce créneau – les Omega «Bullhead» restant tout de même très exotiques -, ce qui la rend d’autant plus remarquable.
Boîtier titane
L’esprit du modèle est resté fidèle à celui des 70’s mais la carrosserie et le moteur sont, eux, naturellement au goût du jour. À commencer par le choix du titane pour la réalisation du boîtier de 42mm de diamètre. Solide, léger, actuel, et recouvert d’un traitement PVD noir, ses finitions oscillent entre le poli et le satiné. Outre le fait que le titane soit un matériau plus difficile à travailler en raison de sa dureté, l’alternance des types de surface confère un chic redoutable à la pièce. Fait singulier et original tout à la fois, les boutons-poussoirs et la couronne n’ont pas changé de couleur pour garder le gris brillant de l’acier dans lesquels ils sont taillés. Un choix qui, paradoxalement, renforce les lignes de force du boîtier.
Ce jeu d’équilibriste se retrouve dans toute la montre. Comme si elle n’avait jamais quitté cette époque biberonnée au groove et au rock’n roll tout en voulant absolument faire partie du monde d’aujourd’hui. On le retrouve par exemple dans la teinte de la matière luminescente des index. Si les autres couleurs retenues sont franches, toniques et identiques à la première version – avec, en particulier, un rouge sang magnifique pour des aiguilles et des échelles de mesures -, celle des index possède le teint orangé des peintures qui ont vécu. Cette douce friction visuelle dynamise furieusement le design de la pièce.
Pulsations et vitesse
Mais le trait de caractère le plus subtil et intelligent de l’Heuer Monza côté cadran se trouve certainement dans la double échelle de mesure sur le rehaut. En effet, les 15 premières secondes sont dédiées à une échelle pulsométrique. Étalonnée sur 15 pulsations – une information fondamentale, et qui n’est malheureusement pas mentionnée directement sur la pièce -, elle permet de déterminer le rythme cardiaque. Le marquage change ensuite pour devenir celui d’une échelle tachymétrique, donc permettant de mesurer la vitesse d’un objet, de préférence une Ferrari puisqueHeuer était chronométreur officiel de l’équipe de 1971 à 1979.
Bracelet de charme
Le bracelet ne manque pas de charme, bien au contraire. Reprenant la morphologie des volants et gants de pilotes d’époque, il présente les indispensables trous facilitant la respiration. Découpé dans du cuir noir de veau pleine fleur, il ne présente aucune couture apparente, un autre trait distinctif qui fait la spécificité de l’Heuer Monza. La boucle déployante, toujours en titane, est quant à elle particulièrement pratique puisqu’elle permet un réglage idéal par un système de charnière coulissante qui vient pincer le cuir, et qui remplace les micro-trous pré-percés et jamais parfaitement ajustés du coup.
Flamboyance contrôlée
Côté motorisation TAG Heuer a choisi le calibre 17, soit l’ETA 2894, un mouvement chronographe avec date mécanique à remontage automatique et qui permet d’obtenir ce positionnement de compteurs à l’horizontale. Disponible en édition numérotée pour CHF 4’900.—, l’Heuer Monza impose son style par une flamboyance minutieusement contrôlée. Complète et tonique, elle appartient au cercle restreint des rééditions qui méritent qu’on craque pour elles.